Prélude n°10

PRÉLUDE n° 10

 

« La tragique solennité du rythme de ce prélude est rendue plus impressionnante encore par une saisissante dégradation sonore…les trois plans successifs commandent une construction expressive étonnante de simplicité et de force émotive…Veiller à la sonorité du dernier accord qui, tragiquement, vient sceller le morceau, ouvrant de son impassibilité sublime tout le mystère de l’au-delà. »
Alfred Cortot

 

La musique représente le dernier degré d’abstraction esthétique. Pour se faire perceptible à l’esprit, la musique emprunte la structure arithmétique, et se laisse capturer partiellement dans le langage écrit de la notation musicale. Ce langage écrit révèle l’empreinte d’un ordre mathématique appartenant à un événement intellectuel qui, en opposition à l’événement naturel, se développe sur un système construit.

 

C’est par la voie du langage écrit que l’équation de la musique pourrait rejoindre celle de l’architecture. Une structure musicale, conçue dans l’espace temporaire pourrait être évoquée par une structure déployée dans l’espace physique. Le résultait serait, par exemple, un apparent volume architectural. Volume que, proposant une perspective faussée, correspond plutôt à l’espace dilaté du langage lyrique qu’à l’espace réglé pour le corps, l’espace dit réel.

 

Le prélude en ut mineur n° 10 de Frédéric Chopin est ici exprimé en 13 panneaux de petit format. Les images peintes sont bâties sur la partition du prélude. Chacune de ces constructions conclues en elle-mêmes, tel que les phrases dans le texte musical, évoque les forteresses et châteaux forts peintes par les primitifs italiens. La perspective dans certaines fresques de A. Lorenzetti présente des contorsions dues à l’énonciation géométrique et sert de point de rencontre avec la perspective sémantique proposée ici.

 

Gabriela de Antuñano
 

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